Temps démuni…


Depuis quelques jours je pense à mon enfance, plus exactement aux correspondantes que nous recevions dans la classe. Je dis correspondantes car lorsque j’étais petite il y avait d’un côté l’école des garçons et de l’autre celle des filles. On s’apercevait simplement à la récréation au travers d’un grillage. J’en profitais toujours pour aller faire un petit signe à mon frère et lui de même. Je me souviens de cette correspondante anglaise assise à mes côtés pour la semaine. Je ne parlais pas du tout anglais et elle très peu français, mais ce groupe de correspondantes était là pour apprendre quelques mots et on se devait de leur parler en français, des petits mots qu’elles répétaient avec un délicieux accent. Je me souviens de grands éclats de rire. J’étais fière de lui montrer mon métier à tisser fabriqué par mes soins, sous les consignes de la maîtresse lors de séances de travaux manuels. Il s’agissait de quatre morceaux de bois assemblés en carré avec des clous tout autour. Cela nous servait à confectionner des napperons avec de la laine. C’était une époque heureuse même si bien sûr tout n’était pas rose… Les souvenirs remontent à la surface sans que l’on sache vraiment pourquoi. Peut-être celui-ci a-t-il surgi en apercevant des photos d’enfants Ukrainiens aux visages tristes derrière les vitres d’un train qui les emmène loin de chez eux. Quels souvenirs auront-ils de leur enfance ? Quitter un pays en guerre est une tragédie pour ces enfants qui, hier encore, se rendaient à l’école et retrouvaient leurs camarades.
 
J’ai toujours tenté de défendre des causes qui me tiennent à cœur ou d’apporter mon soutien comme je peux, mais face à la guerre, aux guerres, je me sens totalement démunie et malheureuse. Je ne cesse de me demander comment il est possible d’assister à un tel cataclysme ! Ici et là, je vois beaucoup d’avis, de certitudes, de débats sans fin sur ce qu’il aurait été bon de faire ou de ne pas faire. Je suis bien incapable d’émettre un avis sur une situation qui m’échappe complètement ! Je ne peux que me demander comment au xxie siècle un ego démesuré puisse encore se donner le droit de conquérir des territoires au détriment de populations qui n’espéraient rien d’autre que de poursuivre leur vie en paix…
 
Notre planète souffre chaque jour davantage du poids de notre insouciance et au moment où notre conscience semblait s’éveiller, elle est menacée d’être écrasée sous le poids de la bêtise humaine.
Pourtant, il y a eu un temps pas si lointain, durant le premier confinement, où notre Terre a retrouvé de jolies couleurs et où l’on s’est dit « c’est possible » !
On a presque cru à une fraternité entre les peuples ! Un espoir commun ! En fait, tout n’était qu’illusion, une respiration pour mieux préparer et engendrer la violence.
Cependant, pour ne pas perdre complément foi en nous, en notre avenir, je vais continuer de penser que « oui tout est encore possible » et que peut-être, demain, se construira un monde meilleur.
 
Ne plus avoir d’espoir serait un renoncement !

Réflexion

Souvent on se demande pourquoi telle chose n’a pas fonctionné, pourquoi ce projet auquel on tenait tant a capoté, qu’est-ce qui a fait que… Difficile sur le moment d’en comprendre le sens, de ne pas se sentir blessé de vivre une situation à laquelle on n’avait pas songé et que l’on prend, sur le moment, pour un échec.

Comme tout le monde, j’ai mon lot de déboires, de déceptions. J’ai pris à chaque fois sur moi, pour ne pas flancher, pour poursuivre mon chemin, en me disant que, forcément, il y avait un sens à tout cela. Cela m’a beaucoup aidée de me dire que si cela n’avait pas fonctionné comme je l’entendais, c’était pour une bonne raison et que j’en comprendrais la signification plus tard… Ce fut toujours le cas ! Les échecs poussent à aller sur des chemins que l’on n’aurait pas expérimentés et permettent d’avancer et d’apprécier plus encore les moments où la vie nous comble.

Il est important de ne jamais abandonner, de ne pas cultiver de rancœur, de croire en soi et de s’offrir un espace-temps où se ressourcer.

Un jour…

Un jour, on ira voir la mer…

Je l’imagine dans la lumière orangée d’une fin de journée,

sans que rien ne vienne troubler sa surface.

Elle serait posée là, devant nous,

tel un tableau qui sortirait de son cadre.

On marcherait sur le sable de nos pas pressés.

Nos rires, heureux, se mêleraient aux senteurs tant espérées !

Main dans la main, plus rien ne compterait alors que cet instant…

Un jour, on ira voir la mer…

Un matin ordinaire…

Ce matin-là j’ai eu envie d’être jolie, ou plutôt de me sentir vivante. Alors, j’ai ourlé mes cils de rimmel plus qu’à l’accoutumée, j’ai apposé une touche de blush sur mes joues pour illuminer mon visage, j’ai appliqué du rouge à lèvres pour donner à mon sourire un éclat rassurant, j’ai accentué le fard sur mes paupières pour rendre mon regard plus profond… Je sentais que tu me quittais et je voulais donner à ces gestes quotidiens une ampleur différente. Bientôt nous allions nous retrouver pour un café où je savais croiser ton regard déjà si loin de moi… À chacun de nos derniers rendez-vous ton intérêt feint avait été la plus douloureuse des condamnations. Je te perdais, je le lisais dans tes yeux absents et dans tes silences gênés.
Ce matin-là j’avais décidé que ce serait notre dernier matin. Je savais que je prendrais la décision pour nous, car c’était ce que tu attendais de moi. Je devais être habile, te laisser croire que c’était moi qui mettais un terme à notre histoire. Je devais être forte pour nous deux, pour te permettre d’avancer vers ta nouvelle vie, vers celle qui t’attendait, qui t’espérait depuis déjà de longs jours. J’ai pris mon plus beau sourire… Je t’ai rendu ta liberté, et le bonheur affiché soudain sur tes traits et que tu avais caché au creux de ton cœur, a été le plus terrible des aveux. J’avais la conviction maintenant que tu en aimais une autre et te retenir ne servait plus à rien. On ne se bat pas contre l’impossible…
J’avais eu le courage de me voiler derrière un maquillage appuyé pour cacher ma peine… Il y a des souffrances personnelles et intimes qui ne se partagent pas…

Dans ce petit matin ordinaire, j’ai marché longtemps dans les rues. Il y avait un léger soleil, juste ce qu’il fallait pour ne pas sombrer trop profondément, et j’ai compris qu’il y aurait d’autres matins ordinaires…

Vivre en bord de mer…

MLB

Vivre en bord de mer, c’est entendre les mouettes et les goélands,
Apprendre leur différence.
Bec rouge, bec jaune,
Reconnaître leurs chants, yeux fermés.
Et se laisser transporter…
Vivre en bord de mer, c’est écouter la musique du vent dans les mâts des voiliers en longeant le port. Les bateaux, de guingois, semblent battre la mesure. Toutes voiles baissées, ils ressemblent à des musiciens en mal de chef d’orchestre.
Vivre en bord de mer, c’est respirer, respirer… Un mélange d’odeurs qui s’entremêle et qui raconte des histoires venant du large.
Vivre en bord de mer, c’est contempler l’horizon qui barre d’un trait net le paysage, si parfait les jours de beau temps.
Vivre en bord de mer, c’est regarder le ciel se refléter dans l’océan et constater à quel point l’un et l’autre savent accorder leurs humeurs.
Vivre en bord de mer, c’est renouer avec cette part d’enfance abandonnée trop tôt, en se glissant dans les empreintes déposées sur le sable mouillé…

Dans le vent

J’ai marché dans le vent pour que mon cœur s’envole
Et te rejoigne,
Là où tu es…
Je t’attends où tu n’es pas,
Pour ressentir le manque
Pour que l’amour que je te porte meurtrisse ma chair
Par l’absence de tes caresses.
À l’intérieur de moi, parfois, ce vide insondable
D’où je t’appelle,
J’entends alors l’écho de ton silence.
Certains soirs où la lune s’écrase sur l’horizon
Et sublime la nuit, je nous imagine blottis sous ses rondeurs,
À nous aimer, indéfiniment.
J’ai marché dans le vent pour que mes pas me conduisent vers toi,
Et que nos pensées s’entrelacent,
Là où tu es…

Pétales…

Texte court 20

Jours perdus où je me noie dans tes silences
Jours incertains où je me cherche dans ton regard
Le temps s’écoule de mille battements
Embarquement immédiat pour une destination inconnue : l’oubli.
Nuits imaginaires où je me perds dans tes bras
Nuits profondes où je m’enlise dans ton souvenir.
Les saisons servent à donner des repères
Le printemps dernier je t’ai rencontré
L’été dernier je t’ai aimé
L’automne dernier j’ai appris tes absences
L’hiver dernier j’ai erré comme une âme en peine
C’était il y a un an, deux ans, peut-être trois… je ne sais plus.
Je voyage à l’aveuglette pour t’oublier
Pourtant tu es là…
Je compte les jours, les semaines, les mois, les années : une vie n’est finalement qu’une succession de dates et de chiffres qui s’additionnent.
Au printemps prochain je cueillerai les premières marguerites et je jouerai à : « je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ».
On finit toujours par guérir de ses blessures…
Demain sera mon futur et toi un songe lointain.

En vivant…

Texte court 19

En vivant dans tes absences
Je renoue avec mon être profond
Je cherche, tel l’explorateur,
Une terre d’accueil
Pour y déposer mes tourments
Et regarder par-dessus ton épaule.

En vivant dans tes silences
J’apprends à écouter
J’avance, tel le funambule,
Sur une corde sensible
Qui nous lie l’un à l’autre
Et nous rattrape lorsque nous perdons pied.

En vivant dans ton manque
Je me construis
Je tisse, telle l’araignée,
Des fils de protection
Qui rident le temps
Et apaisent les cœurs…